Comprendre l’impact d’une maladie grave sur la sexualité
Après avoir surmonté une maladie grave, comme un cancer, un accident vasculaire cérébral ou une intervention chirurgicale lourde, de nombreux patients témoignent d’un bouleversement dans leur vie sexuelle. Que l’atteinte soit physique, psychologique ou émotionnelle, elle s’accompagne de défis spécifiques : fatigue chronique, altération de l’image corporelle, douleurs, effets secondaires des traitements, baisse de la libido ou encore peur d’éprouver de nouvelles souffrances. Cette réalité touche autant les hommes que les femmes, quel que soit leur âge ou leur schéma relationnel.
Les principales difficultés rencontrées
Il existe plusieurs obstacles majeurs à la reprise d’une vie intime épanouie après une maladie grave :
- Altération du corps : cicatrices, pertes de cheveux, prise ou perte de poids modifient la perception de soi.
- Changements hormonaux : pouvant provoquer sécheresse vaginale, troubles de l’érection ou de l’éjaculation.
- Fatigue et douleurs persistantes : limitant le désir ou la capacité de s’engager dans des rapports intimes.
- Conséquences émotionnelles : anxiété, stress post-traumatique, dépression ou sentiment de honte.
- Impact relationnel : la maladie bouleverse l’équilibre du couple et nécessite de nouveaux repères.
Oser en parler pour mieux se reconstruire
La clé pour retrouver une sexualité après une maladie grave est souvent la communication. Il est impératif d’aborder ses préoccupations avec son partenaire, mais aussi avec les professionnels de santé : médecins traitants, oncologues, gynécologues, urologues ou sexologues. Ceux-ci sont de plus en plus sensibilisés aux questions d’intimité post-maladie et proposent des solutions concrètes. Par exemple, des consultations spécialisées sont fréquemment offertes dans les unités d’oncologie, permettant de lever les tabous et de personnaliser la prise en charge.
Voici quelques pistes à explorer avec un professionnel de santé :
- Réadaptation physique et exercices de musculation du plancher pelvien
- Traitements locaux (lubrifiants, crèmes hydratantes, injections pour troubles de l’érection…)
- Accompagnement psychologique ou sexothérapie individuelle/couple
- Groupes de parole ou forums d’échanges entre patients
Redéfinir la sexualité en douceur
Après une pathologie grave, il convient d’accepter l’idée que la sexualité peut prendre des formes nouvelles et évolutives. L’objectif n’est pas toujours de reprendre les relations sur le même mode qu’auparavant. Bien au contraire, de nombreux couples découvrent de nouvelles manières de s’aimer, plus axées sur la tendresse, les caresses, le massage ou encore la sensualité sans forcément chercher la pénétration à tout prix.
Exemple : Julie, 45 ans, a vaincu un cancer du sein. Soutenue par son conjoint, elle a découvert la sensualité à travers des massages et des temps d’intimité, sans pression de « performance ». Ce cheminement, accompagné par un sexologue, lui a permis de retrouver la confiance et le plaisir, tout en consolidant la complicité de son couple.
Conseils pratiques pour accompagner la reprise de la sexualité
Pour faciliter la réappropriation de sa vie sexuelle, quelques astuces simples peuvent être appliquées :
- Écouter son corps et respecter ses limites sans se culpabiliser
- S’autoriser à demander du temps, à exprimer ses doutes et à verbaliser ses envies
- Expérimenter de nouvelles pratiques (caresses, jeux, massages, positions confortables…)
- Participer, si besoin, à un programme de rééducation sexuelle
- Utiliser des accessoires adaptés (coussins d’aide, lubrifiants…)
La dimension affective et émotionnelle reste centrale : il s’agit de prendre soin de soi, mais aussi de la relation. En cas de blocages durables, ne pas hésiter à se tourner vers un thérapeute spécialisé.
Perspectives et évolution de la sexualité post-maladie
Chaque parcours est unique. Selon des études récentes, plus de 60% des patients concernés estiment, un an après la fin des traitements, avoir retrouvé une sexualité satisfaisante — parfois différente, mais enrichie par l’épreuve traversée ensemble. La recherche médicale continue d’apporter des solutions nouvelles, notamment dans la gestion des séquelles physiques et psychologiques. Le plus important est de garder en tête que la sexualité, loin d’être figée, est un domaine vivant, s’adaptant à chaque étape de la vie.
Retrouver une sexualité après une maladie grave demande patience, bienveillance et accompagnement. Ce chemin, parfois sinueux, peut devenir une source de renouveau et d’épanouissement, pour peu qu’on s’accorde le droit de réinventer son intimité.